L?aspect laineux de l?edelweiss ? leontopodium alpinum ? sert à lutter contre le froid prégnant de l?étage alpin. On lui prête désormais des propriétés curatives et il n'est pas rare de trouver l'espèce imprégnant diverses substances et lotions. Propriétés réelles ou effet « produit alpin », l'essentiel est que sa cueillette « professionnelle » reste pondérée. Depuis Astérix, son image est associée au sommet nival nietzschéen alors qu'elle orne plus volontiers, par paquets, les croupes gazonnées des pelouses alpines. De fait, il y a plus à dire sur l'interprétation du nom de la fleur même que sur ses particularités biologiques. On traduit généralement ce « noble ? blanc » alémanique par « Étoile des Glaciers » mais ces dénominations ne seraient pas antérieures à la colonisation des Alpes par les alpinistes férus de romantisme. Les chasseurs-hôteliers suivront, sachant associer les mots aux images que le citadin en manque de nature voudra trouver. Les Parcs et Labels s'en feront un Esprit.
Venir dans les montagnes du Queyras, dans les Hautes-Alpes, c?est aller évidemment au-delà de ces représentations. C?est savoir que les premières images « naïves » et archaïques des montagnards méditerranéens pouvaient déjà être riches de sens ; en plus de la fleur qui évoque les glaciers du Monte Viso, de la Tête des Toilies à l?Estéyère, le Queyras a bien la tête dans les Étoiles? Quant aux « pieds de lions »?
Parfois, une partie de la forêt de
mélèzes du Queyras semble malade. Certains arbres sont roux au lieu
du vert chatoyant habituel. Maladie ? Pollution ?
En vérité, il ne faut pas trop s'inquiéter
de ce brunissement soudain. C'est l'effet visible d'un cycle naturel
parasitaire qui culmine tous les sept à dix ans. Des parcelles de la forêt du Queyras furent touchées en 2016 et 2023. Les mélèzes du
Queyras et des Hautes-Alpes s'affaiblissent alors tour à tour pendant
deux années ; d'où la présence encore en 2024 et 2025 (newsletter OTQ N°29 du 10.07). Ces défaillances temporaires sont dues aux assauts de la chenille du petit papillon
zeiraphera diniana dite « tordeuse grise du mélèze ». À
la suite des destructions d'aiguilles, les arbres forment un nouveau
feuillage aux dépens des réserves accumulées. Les chemins en forêt
se parent de longs fils de soie qui clignotent dans la
lumière. Les moines de l'Abbaye de Boscodon notaient déjà ces
cycles au Moyen-âge. Un phénomène qui vaut le coup d'être observé.
Peu de gens le
savent, les Alpes du Queyras possèdent aussi leurs villas de
« millionnaires » revenus d'Amérique du Sud à la fin du
XIXe siècle. Moins connues que les maisons mexicaines de
Barcelonnette, ces belles demeures n'en restent pas moins
fascinantes. Mieux, une interprétation savante, inspirée d'un
travail initié par l'anthropologue Harriet Rosenberg dans les années
1970, persuada que ces Américains étaient les précurseurs
du tourisme local. De fait, l'attrait pour les sommets (et les
sauvages Vaudois qui les peuplaient) avait commencé dès avant
l'investissement millionnaire. Quoiqu'on dise, ce tourisme de luxe ?
et ses Grands-Hôtels ? ne survivra pas à la seconde guerre
mondiale. Les modèles économiques qui suivirent ? zone agricole
témoin, accueils pédagogiques, tourisme social, promotion initiale
du Parc de Philippe Lamour... ? furent sûrement plus soucieux du
maintien des populations locales.
Un mythe demeure cependant
et, dès les années 1990, une certaine idée du luxe et des
« stations » de bien-être effaça peu à peu le vieux
paradigme d'authenticité au profit d'une nouvelle happycratie
digne d'Eva Illouz. Comme si, ici, les fraises du Jardin des
délices de Jérôme Bosch étaient devenues une réalité...
Paradoxe, les prestations, produits de bouche et d'artisanat,
labellisés du prestige « nature sauvage » régalent
surtout désormais le tourisme motorisé journalier. C'est donc à
une exposition innovante et amusante que t'invite l'artiste singulier
Stéphane Simiand. Aquarelles, peintures, livres, objets? autant de
découvertes et de coups de c?ur qui ? à n'en pas douter ?
sauront agrémenter ton intérieur si ce n'est ta résidence
secondaire.
À bientôt
Situé dans le vallon du même nom
au-dessus de Ristolas en Queyras, le Lac de Ségure est une randonnée
plaisante. De juin à octobre, découvre cet écrin merveilleux, cet
?il de lumière sous l'azur du ciel des Hautes-Alpes. Le lac de
Ségure est LA classique des randonnées pédestres au départ des Chambres
d'hôtes Gîtes de France Panda la Barma, à Ristolas en Queyras. La montée est progressive et une surprise est à découvrir à l'arrivée...
Printemps oblige, les mélèzes des Hautes-Alpes sont en fleurs... Déjà passées en vallée, il en reste quelques unes en altitude. Savais-tu que ce bouton rose peut se manger ? Dès que les oiseaux chantent, la fleur de larix decidua se charge de vie. Elle s'ouvre et dévoile son odeur de résine. On pourrait déjà la savourer comme un bonbon à la sève de pin. Permet-toi de la cueillir puis consulte quelque fascicule de cuisine alpine pour en agrémenter tes plats. Elle se glissera aisément sous la ficelle de quelque paupiette dodue. À moins que tu ne te décides pour quelque dessert et douceur, façon petit-déjeuner parfumé des Chambres d'Hôtes de la Barma en Queyras. Autant de goûts à partager.